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mardi 19 mars 2019

Toutes ces rencontres

Je voulais vous dire un mot de toutes ces belles rencontres que nous faisons.
Il y a d'abord toutes ces belles personnes travaillant au dispensaire, et que nous apprenons à connaître petit à petit, en essayant de comprendre leur personnalité. Le déjeuner partagé est souvent propice à l'échange, "échange interculturel" comme le dit si bien la DCC. Nous apprécions ces moments, l'occasion d'apprendre quelques mots de malgache, de discuter politique ou médecine avec le médecin, de chacun faire découvrir ses pratiques culinaires (nous mangeons malgache, nous découvrons leurs produits, mais nous apportons aussi régulièrement gâteau ou café ...). Depuis peu, nous avons essayé aussi le pique-nique : le repas est le même, mais assis au sol sur la natte de coco à l'extérieur et non plus autour de la table, ça lève un peu plus les barrières et c'est l'occasion de bonnes parties de rigolade.
Et puis, il y a eu la rencontre avec Enzy et sa famille. Enzy est une femme du voisinage, qui a 4 enfants de 6 mois à 9 ans, et dont le conjoint est partie en décembre, laissant sa famille déjà pauvre seule. Ophélia l'a aidée à cette époque. Samedi, tous ensemble, nous sommes partis nous promener dans le coin. Les enfants ont grimpé ensemble et partagé le vélo. Les adultes ont discuté tout en avançant. Enzy est une femme formidable, très censée, qui veut le meilleur pour ses enfants et se bat pour leur donner une bonne éducation (au sens large), et qui arrive à se projeter pour essayer de trouver les bonnes solutions pour leur avenir à tous. C'est plutôt rare chez les malgaches. Nous avons été très touchés lorsqu'elle a souhaité nous faire visiter sa maison. Peut-on parle de maison ... Plus exactement, c'est le premier étage d'une grande cabane, on y accède par une échelle bien raide, 1 bébé, 3 enfants et 1 adulte se partagent environ 12 m² ... Mais c'est un vrai nid douillet, parfaitement propre et arrangé, même décoré, qui respire d'amour et de fierté. Nous sommes restés sans voix !
Beaucoup moins dans l'interculturel mais davantage dans l'interpersonnel, nous faisons connaissance avec bon nombre de français en mission plus ou moins longue ici. Il y a les familles, qui comme nous viennent passer 1 ou 2 ans, avec lesquelles nous passons de bons moments pique-nique, ballade, goûter, pour la grande joie des enfants comme des adultes. Il y a les ecclésiastiques, notamment des soeurs de différentes congrégations, en mission pour plusieurs années (parfois même la vie !) et très investies dans l'aide aux personnes. Et puis il y a les résidents, ceux qui ont décidé de s'installer ici et de travailler, voire de fonder une famille. Beaucoup de belles rencontres.
Nous sommes aussi confrontés à des situations complexes, qui nous renvoit brutalement à notre situation de français très choyé. Je pense ainsi à cette femme enceinte, il y a quelques semaines l'échographiste a diagnostiqué un déficit en liquide amniotique et lui a recommandé d'aller à l'hôpital. Mais elle n'y est pas allée, trop cher. Elle est revenue samedi, son bébé est décédé in utero ... elle doit absolument aller à l'hôpital pour voir un obstétricien et accoucher de ce bébé mort, sans quoi elle risque sa vie ... mais ira-t-elle ? Je pense aussi à cette femme opérée d'un carcinome de la mâchoire il y a 8 mois, mais il n'y a pas de radiothérapie à Fianarantsoa, et cette femme n'a pas suivi le protocole de chiomiothérapie (raison inconnue), et la voilà qui revient il y a 4 jours, en pleine récidive ... trop tard et illusoire de ré-intervenir. Je pense à ce bébé de 9 mois, d'une fratrie de 13 enfants, avec une déformation crâniale molle : scanner en panne ici, quand l'enfant passe enfin le scanner, celui-ci retombe en panne en cours d'examen ... mais le temps presse, l'enfant commence à essayer de marcher, il risque à tout moment d'aggraver son état.
Les exemples se renouvellent jour après jour ... Mais comme nous disait un frère, on ne peut pas tous les sauver, chaque petite chose que nous faisons c'est déjà beaucoup.
Anne