Bonjour à tous
Après plusieurs articles c'est moi qui reprend le clavier avec hélas un post pas très gai.
Dure journée pour la sage femme de garde hier ainsi que pour la sage femme stagiaire. Dans la journée le médecin a hospitalisé 2 malades pour des saignement digestifs (fréquents ici suite à la bilharziose). Une femme était déjà là depuis tôt le matin, pour un accouchement qui s'est bien passé avec une naissance vers 18h. Jusqu'ici du travail mais ça allait...
Une autre femme à terme est arrivée en début de soirée ; à 22h00, voyant l'accouchement mal engagé, la sage femme a recommandé un transfert à l'hôpital. Refusé alors par la famille ... faute de moyens. Ce n'est que vers 2h00 du matin, alors que l'accouchement n’avançait pas et qu'il y avait des signes de souffrance du bébé, que la famille a accepté d'être "transférée" à l’hôpital. Une césarienne "en urgence" était nécessaire.
Nous avons donc été réveillé par des tambourinements à la porte et la karenje s'est transformée en "ambulance" pour conduire, la femme enceinte, les deux personnes qui l'accompagnaient et leurs affaires jusqu'à l'hôpital (CHU) de Tambohobe, à 4 km. Je vous laisse imaginer le calvaire de cette pauvre femme, en plein travail, sans péridurale, sur la piste chaotique ou sur la route pavée (cf publication précédente).
J'ai déposé cette famille à l'accueil et suis rentré, perplexe sur la suite de cet accouchement.
Choix difficile entre rester ou rentrer, mais la présence d'un "vazaha" risquait de compliquer la situation ...
Les trajets se sont passés sans encombre dans une ville calme comme jamais ... J'ai réussi à dormir un peu malgré toutes les interrogations et craintes.
Ce matin hélas les nouvelles ne sont pas très réjouissantes. La césarienne n'a pu être réalisée faute de moyens (400 000 Ar, soit environ 100 euros), le bébé est mort et une embryotomie doit être envisagée ... Espérons qu'elle puisse se faire et qu'il n'y ait pas de complication pour la mère ; bien assez de souffrance comme cela !
Il reste à croiser les doigts encore une fois ! Et le problème va tourner encore un peu dans nos têtes ...
Disons nous déjà, que grâce à votre soutient de tous et de chacun, nous étions ici à Padre Pio avec une voiture ... On sait bien que ce genre de drame est quotidien autour de nous, mais d'être impliqué, là, comme cela, donne encore une fois à réfléchir.
Voilà une humeur triste du matin ! Heureusement la naissance heureuse de fin d'après midi apporte un peu de positif.
Philippe