Le Fête Nationale

Le 26 juin, c'est le jour de la fête Nationale, pour la commémoration de l'indépendance en 1960. C'est une fête très importante pour les malgaches. On entend parler de préparatifs depuis début juin. Les drapeaux malgaches sont installés aux fenêtres depuis 2 semaines.
C'est tellement important qu'ils s'arrêtent de travailler dès la veille, et que le lendemain ils sont parfois trop fatigués pour retourner au travail ...

Vu de nos yeux de français, ça ressemble un peu à une fête des lumières. Les gens se promènent à la nuit tombée avec des lampions ou des lanternes, ce qui est exceptionnel car ils ont plutôt peur de sortir la nuit en général. Ils font claquer les pétards, installent des grands feux (rappelant les feux de la Saint-Jean), et admirent le feu d'artifice. La journée, c'est défilé, essentiellement militaire avec remise de récompenses, mais aussi défilé d'équipe de sport ou de scoutisme ... bref, l'occasion de se montrer ! Dans notre quartier, nous avons trouvé l'ambiance étonnamment calme, bien plus calme qu'une journée normale, personne dans la rue et pas de voitures. Il y a un repas de fête, basé sur la viande de porc, et largement arrosé d'alcool.

A cette occasion s'installe dans le centre de Fianar une grande fête foraine, avec manège en tout genre, petit stand genre tir à la carabine, buvettes bien sûr et restauration.

Spectacle des écoliers

L'école française où sont scolarisés les enfants est parfois rattrapée par le rythme malgache : nous avons été conviés mardi 18 à assister au spectacle de fin d'année des élèves le vendredi 21 juin à 10h00. Pas facile pour les parents de se libérer un jour ouvré en le sachant 3 jours avant ? Sauf qu'ici, c'est toujours comme ça ... L'anticipation calendaire n'est pas légion ... sauf quand il s'agit des jours fériés !!!

Bref, nous avons assisté à un petit spectacle tout simple, mellant chansons, danses ou musiques, très similaire aux autres spectacles de fin d'année que nous avons déjà suivis à Ger. Les enfants étaient bien sûrs très fiers et heureux de montrer leur talent !

Classe des MS GS, danse traditionnelle malgache

Maternelles chantant La ballade des gens heureux

Classe des CM1 chantant Love is all

Petit bémol à nos yeux : le spectacle est isolé, et non pas associé à une fête, ou une kermesse, ou un goûter. Pour une fin d'année, on trouve cela un peu tristounet !

Autre aperçu de notre quotidien

Nous avons déjà partagé quelques photos du zoma [jouma], grand marché où on trouve tout (alimentaire ou non) ou presque mais faut parfois chercher longtemps. Nous y faisons l'essentiel de courses en fruits et légumes. Mais nous n'avons pas encore parlé des autres "boutiques" du quotidien... Et pourtant cela vaut bien quelques explications ...😀

En effet pour le reste des courses (farine, savon, beurre, pâtes, semoule, chocolat....) nous avons essentiellement 4 alternatives plus où moins folkloriques...

- premier choix la boutique toute neuve d'une station service où on trouve pas mal de produits occidentaux importés, des cosmétiques ... Quand on a le mal du pays ou qu'on cherche le produit rare, genre une éponge qui dure plus de 48h alors c'est "the boutique !"

- Deuxième alternative : le "super 3000"ou le "miniprix" qui se valent et pourraient être comparés à des supérette de quartier avec un mélange de produits locaux, et de produits importés, d'occident, d'Asie ou du Moyen Orient... Ça reste là qu'on achète l'essentiel de ce que l'on n'a pas pris au "zoma".

- troisième alternative chez "chue San" magasin d'un autre temps tenu par des chinois. Là le folklore commence... Magasin sombre avec des grandes étagères jusqu'à 3 m de haut au moins avec des produits très divers. Un premier commis attrape sur les rayons ce qu'on lui demande et pose sur une table où un deuxième commis fait la liste et les totaux, puis on paye au patron 😀👍

- "dernière" alternative, quand on veut perdre un peu de temps pour gagner quelques précieux Ariary, le "toky". Un magasin de semi gros, et là ça vaut le détour. Une ruche exiguë toujours bondée où il faut jouer des coudes pour d'abord passer sa commande (1 à 50 kg de farine d'Égypte, d'Israël ou d'inde... , 50 kg de riz de partout et éventuellement de Mada, bidon de 20L d'huile de Mada ou pas, sucre d'Inde, d'Égypte... brosses à dents par 30, savons au kilo...) . On obtient alors son précieux bon de commande qui permet d'aller régler à la caisse 1 m plus loin après avoir de nouveau jouer des coudes.

La commande payée : soit, épuisé déjà, on renonce et repart les mains vides au quel cas l'opération aura été moyennement fructueuse ; soit on bataille à nouveau pour obtenir l'attention d'un commis qui s'agite derrière le comptoir (et encore pour cette étape comme pour les autres le fait d'être vazaha est un avantage certain... une fois, Nicolas sur les épaules, nous a permis de gagner 5 paquets de gaufrettes !) pour qu'il prenne notre bon de commande acquitté et réunisse les précieux articles tant attendus... Mais une fois tout ceci rassemblé sur le comptoir ce n'est pas encore fini... En effet il faut encore que tout cela soit validé par un contremaître, double de la facture à l'appui, avant de pouvoir récupérer ses articles et quitter enfin les lieux...
Le principe de ces courses par étape est exactement le même à la pharmacie : on présente l'ordonnance, on va payer, on récupère "les courses", et on peut sortir quand tout est validé !

Pour compliquer le tout, les mêmes articles sont à des prix différents de l'un à l'autre, aucun n'étant bien sûr le moins cher sur tout, ce serait trop simple... 😀
Du coup en fonction du temps, du courage et des courses à faire, l'un, l'autre ou plusieurs de ces boutiques ont le plaisir de nous voir les visiter. 

C'est un peu plus long et compliqué que les courses au drive 😀

Et de 6 !

Et oui, et de 6 couverts cassés depuis notre arrivée ...

Ca ne m'était jamais arrivé ... Mais j'ai réussi à casser, sans trop forcer, 1 couteau, 1 fourchette, 2 grandes cuillères, 2 petites cuillères, en 4 mois. Ca en dit long sur la qualité des produits malgaches ou chinois.

Quant aux pinces à linge, ça y est, je ne compte plus 😏😥

Les cueilleurs de branches

Hier dimanche de Pentecôte, souhaitant profiter d'une belle journée ensoleillée, nous sommes partis en ballade près de la maison. Quittant le quartier d'Antampojina, nous avons traversé une rizière, sans mettre les pieds dans l'eau 😋.

 
Puis nous avons trouvé un joli sentier, hors des habitations et peu fréquenté, pour suivre une ligne de crête, offrant un superbe diaporama vers la ville.

Aux abords d'une petite forêt d'eucalyptus, nous entendons des cris d'enfants, sans toutefois les voir. Ce n'est qu'aux pieds des arbres que nous découvrons des vrais petits lémuriens humains !

Ces enfants montent au sommet des eucalyptus pour casser et faire tomber les branches mortes, afin d'en fabriquer du charbon. Certains étaient à plus de 10 mètres de haut, sans la moindre assurance bien sûr, balancés en haut du tronc par le vent ... Nous n'avons pas assisté à leur descente le long de ce tronc presque lisse ... nous avions trop peur pour eux.





Nous avons terminé la ballade par le joli sommet près de notre village, petite montagne que nous fréquentons souvent, seul ou avec des amis, et à qui nous cherchons un petit nom. Pic des bleus, Pic Phanas, Sommet sans nom, Pic de Fianar ... le choix reste à faire, nous sommes curieux d'éventuelles suggestions !

Les enfants ont tellement bien marché et avec une telle bonne humeur, que la boucle était faite en moins de 3h ... et que le pique-nique s'est fait presque à la maison !

Notre vie Malgache c'est aussi ça

Mardi dernier nous avons la bonne surprise de recevoir un cadeau d'une famille dont l'enfant avait bénéficié d'une opération d'une hernie inguino-scrotale financée par AMM. La grand-mère de l'enfant a fait probablement plus de 15 km de marche (aller puis retour) venant de brousse pour nous offrir un poulet pour bien fêter la Pentecôte, (ou l'Aïd au choix 😃).

 Nous voilà donc avec un poulet Malagache (des grands pattes, un peu de muscle et pas lourd de graisse) avec un fil à la patte pour ne pas le perdre. Après quelques jours de tergiversations, il a fallu nous résoudre à sacrifier notre poulet. Ce fut fait dimanche en prévision d'un repas partagé le lendemain avec des amis. Une fois plumé le verdict se confirme, il y a plus d'os que de chair !

C'est malgré tout un bien gentil geste de reconnaissance. Reconnaissance que l'on n'a pas toujours l'occasion de ressentir probablement du fait barrière de la langue et des façons différentes d'exprimer ses émotions.

Week-end varié dont un petit retour à la médecine vétérinaire !

Le week-end passé fut bien occupé et varié.

Un peu de boulot le samedi entre mon nouveau costume de conducteur de travaux, des courses, les accompagnements de Nicolas chez un copain le samedi après-midi. Le samedi soir nous avons testé notre tout nouveau "four malgache" (suspens il fera l'objet d'un post ultérieur...) avec une tarte au potiron remarquablement réussie et un pain bien croustillant mais un poil trop grillé par endroit. Et un dimanche midi et après midi fort sympathique partagé chez Alexandre et Amandine ainsi qu'un couple malgache de leurs amis, un bon repas et un petit cours de danses (batchata, cha-cha, rock, rumba, seiga)! :-)

Au milieu de tout cela je me suis replongé dans le bain de la rurale. Samedi vers 18h00 alors qu'il fait déjà bien nuit, nous avons eu un appel du vacher de la ferme du CFR (centre de formation rurale) gérée par Agnès (une vazaha salariée de FIDESCO depuis 10 ans, rentrée en France en vacances). Il avait un problème avec une velle d'environ 1 mois. Cette dernière s'est mise à météoriser (accumulation de gaz dans le rumen) subitement dans l'après midi, il venait de la "trocarder" (pour les non initiés, il s'agit de percer avec un trocart la peau et la paroi du rumen pour permettre au gaz de s'évacuer). Il était très inquiet et aurait voulu que je vienne mais la nuit étant tombée et la ferme à 45 minutes de mauvaise route, cela n'était pas possible. Finalement il déclare la velle morte et nous convenons donc d'envisager une autopsie le lendemain matin ...

Dimanche matin à 7h j'ai donc rappelé et "miracle" la velle était vivante ; nous convenons donc que je passe dans la matinée pour la voir. Je suis donc parti en vélo pour rejoindre la ferme. 13 km de mauvaise route en vélo ou en voiture ça fait pas une grosse différence de temps et c'est aussi agréable en vélo à mon goût ! Après 40 minutes de vélo me voilà donc devant la génisse, que je trouve étonnamment bien ! Debout, bonne tête, ayant mangé un peu, trocart toujours en place ...

Examen clinique et recueil des commémoratifs plus tard je ne suis pas vraiment plus avancé. Si quand même : c'était vraiment grave hier ! En effet le vacher ayant constaté que la velle n'allait pas bien vers 15 h et commençait à gonfler, il lui avait administré par la bouche une dose (indéterminée) de rhum ! Malgré cela, comme elle continuait à se dégrader, il avait du donc la trocarder et ré administrer par le trocart une dose de rhum juste avant de m'appeler. On ne saura donc pas si c'est le trocart ou la deuxième ration de rhum qui l'aura sauvée 😅

Nous décidons donc de fixer le trocart en place pour 10 jours pour éviter une nouvelle dilatation et laisser le temps à la fibrose de rétablir l'étanchéité du rumen. Coup de chance il a pu trouver des aiguilles courbes à section triangulaire. Pour le fil il a fallu se débrouiller avec un fil plastique tiré des sacs en plastique tissés, qui a très bien fait l'affaire une fois bien nettoyé et désinfecté 👌 Faut faire avec les moyens du bord.

Je n'ai plus eu qu'à remonter sur mon vélo et rentrer !

Et voilà première visite rurale à vélo à mon actif ! Un petit pas pour améliorer mon bilan carbone !

Je manquerai pas de vous donner des nouvelles 

Mission variée

Parfois, notre mission prend une tournure très surprenante et inattendue.

Ainsi, vendredi, étant à la recherche d'une clé pour une armoire, nous sommes tombés sur une trousse remplie de clés ... non identifiées bien sûr ! Ayant déjà senti un certain flou sur l'attribution des clés, ou des disparitions non éclaircies, nous avons pris notre courage à quatre mains pour mettre un peu d'ordre dans tout cela. Et nous voilà partis pour tester les 44 serrures du dispensaire et de ses dépendances avec une cinquantaine de clés .... 😕 Travail passionnant qui nous a occupés quelques heures ces 3 derniers jours. Avec joie et de nombreuses surprises, nous avons réussi à retrouver quelques clés ; mais il reste encore un joli tas de clés définitivement inutiles.

Dans le même temps, Philippe s'est converti en conducteur de travaux et responsable de chantier. En effet, plusieurs travaux commencent au dispensaire, menés par les ouvriers malgaches habitués à travailler pour AMM. Pour l'instant, ils s'attaquent à la réfection de la cheminée de l'incinérateur, qui doit être reconstruite en briques + ciment. Et voilà qu'il faut faire livrer des sacs de sable, de ciment, trouver du fer à ciment, et compter la livraison de 1500 briques à tête d'homme/femme ...

Définitivement, nous ne sommes pas au bout de nos surprises !

AMM new 3 mai 2019